23 janvier 2017
Je propose à la direction de mon département de donner, en 2017-2018, un cours de création. Pour moi, ce serait la première fois. Forme retenue : le blogue. Cadre générique : l’essai. Ma proposition est acceptée. Cela aurait pu être le FRA 3715 Littérature et nouveaux médias. Ce sera le FRA 2707 Pratique des genres.
Ce n’est pas la première fois qu’un cours du Département des littératures de langue française porte sur le blogue. En 2010, l’écrivain Mauricio Segura, alors professeur invité au département, avait donné le FRA 2710 Exploration des genres sur cette forme d’écriture. J’y avais donné une conférence pour présenter mon blogue l’Oreille tendue.
Un cours sur le blogue aux huit ans, ce n’est pas exagéré.
1er mai 2017
La description du FRA 2707 sur le site de l’Université de Montréal est bien générale : « Étude des genres, des tonalités et des hybridations génériques ; exercices pratiques à partir de textes produits par les étudiants ; analyse en séance des textes des participants. »
J’en soumets une plus précise pour le site départemental.
1. Objectifs et contenu du cours
Ce cours de création portera sur la pratique du blogue. On réfléchira à cette pratique récente en l’inscrivant dans une réflexion sur un genre beaucoup plus ancien, celui de l’essai.
Un blogue collectif sera créé pour le cours ; chacun sera tenu d’y publier cinq textes (création ou critique). Ces textes devront tenir compte des potentialités de l’écriture numérique (images fixes ou mobiles, liens, etc.).
Des textes réflexifs sur l’essai et sur le blogue seront présentés et commentés en classe, par le professeur et par les étudiants.
Chaque étudiant aura à présenter oralement un blogue de son choix.
2. Bibliographie
Le corpus des textes critiques sur l’essai et sur le blogue sera précisé lors de la première séance. La liste des blogues à analyser sera déterminée collectivement à la deuxième séance.
Pistes de lecture
Belleau, André, «Petite essayistique», Liberté, 150 (25, 6), décembre 1983, p. 7-10. URL : http://id.erudit.org/iderudit/30652ac. Nombreuses rééditions.
Bois, Géraldine, Olivier Vanhée et Émilie Saunier, « L’investissement des blogueurs littéraires dans la prescription et la reconnaissance : compétences et ambitions », article électronique, COnTEXTES, 17, 2016. URL : https://contextes.revues.org/6196.
Gefen, Alexandre, « Ce que les réseaux font à la littérature. Réseaux sociaux, microblogging et création », article électronique, Itinéraires, 2, 2010. URL : https://itineraires.revues.org/2065.
Gunthert, André, « Le blogging académique, entre art et science », l’Atelier des icônes, 14 octobre 2013. URL : http://culturevisuelle.org/icones/2820.
Lamy, Suzanne, Quand je lis je m’invente, Montréal, L’Hexagone, 1984, 111 p. Rééd. : 2017.
Mavrikakis, Catherine, l’Éternité en accéléré. E-carnet, Montréal, Héliotrope, « Série K », 2010, 278 p.
Vignola, Éric, « Du blogue au livre. Réflexions sur la nature générique du blogue », Montréal, Université de Montréal, mémoire de maîtrise, juillet 2009, x/114 p. URL : http://hdl.handle.net/1866/3754.
Voyer-Léger, Catherine, Métier critique. Pour une vitalité de la critique culturelle, Québec, Septentrion, 2014, 209 p.
3. Évaluation
Présentation orale (10 minutes) d’un texte critique sur l’essai (20 % de la note finale)
Présentation orale (10 minutes) d’un blogue (20 % de la note finale)
Contributions au blogue (60 % de la note finale)
La politique sur l’intégrité intellectuelle à l’Université de Montréal est disponible à http://www.integrite.umontreal.ca/.
4. Calendrier
Ce cours intensif commencera le 4 mai et se terminera le 15 juin.
Il y aura deux séances par semaine, le mardi et le vendredi, de 8 h 30 à 11 h 30.
Au moment où je soumets ce descriptif, un an avant de donner le cours, les choses, malgré les apparences, restent encore bien vagues dans mon esprit.
Fin avril-début mai 2018
J’apprends qu’il devrait y avoir un peu plus d’étudiants que prévu. Ce ne sera finalement pas le cas — ils seront douze —, mais j’ajuste néanmoins les modalités d’évaluation en fonction de cette nouvelle variable.
Cette évaluation sera constituée de trois choses : une intervention orale d’une quinzaine de minutes (présentation d’un blogue, d’un article savant ou d’un témoignage sur le blogue, ou présentation d’un article savant sur l’essai) ; quatre entrées de blogue (deux sous contraintes textuelles, une sous contrainte technique, une entièrement libre) ; la participation (au blogue sous forme d’entrées supplémentaires, en classe par la discussion des textes publiés sur le blogue). Je remettrai aux étudiants une liste de blogues et de textes : sauf exceptions motivées, ils choisiront dans cette liste.
2 mai 2018
Je crée le blogue du cours sous WordPress.com. Il est privé. J’invite les étudiants à s’y inscrire.
3 mai 2018
Je termine la préparation du plan de cours et de la webobibliographie de départ.
4 mai 2018
Premier cours. J’annonce d’entrée de jeu que le programme que je dépose en classe et sur le blogue du cours sera sûrement modifié : c’est la première fois que je donne un cours sur le blogue ; c’est la première fois que je donne un cours de création.
Une fois les questions d’intendance réglées, je présente un blogue — l’Autofictif d’Éric Chevillard — et un site — le Tiers Livre de François Bon. Remarques bienvenues (et bien vues) de la part des étudiants.
La moitié des étudiants présents ont (eu) des blogues — « Quand j’étais jeune », « Dans mon enfance » —, parfois dans un cadre scolaire, une fois dans un cadre professionnel, une fois pendant une maladie. Sauf dans ce dernier cas, personne ne se réclame d’une pratique suivie du genre. (Cela changera en juin.)
8 mai 2018
La première partie de la séance est une discussion libre sur les outils numériques que nous utilisons les uns et les autres. L’idée de ce genre de discussion — que je pratique depuis quelques années en séminaire de doctorat — m’est venue à la lecture d’un texte de François Bon, « et vous, votre Mac, il carbure à quoi ? » (2012) C’est toujours passionnant de découvrir de quoi est fait le quotidien numérique des autres et de s’interroger sur le sien propre.
Conclusions (certaines imprévues) du jour ? Pour ces étudiants inscrits à un cours sur le blogue, le papier et le crayon sont encore essentiels. Ils utilisent néanmoins le numérique — ce ne sont pas des luddites —, mais la nécessité de faire des copies de sauvegarde du contenu de leur ordinateur, par exemple, leur échappe complètement. Ils sont tous, bien sûr, sur Facebook. Ils ne connaissent pas l’existence des podcasts. Surtout : leurs pratiques sont toutes fortement singulières.
En seconde partie, je propose une définition du blogue, fondée pour l’essentiel sur le rapport au temps : rapidité de la publication, datation des textes, disposition antéchronologique, caractère sériel, régularité de publication (même pour un blogue qui ne prétend pas à la pérennité), archivage (qu’il soit personnel ou institutionnel). À mes yeux, ce qui définit minimalement le blogue est la disposition antéchronologique des textes. Dès qu’on s’éloigne de cette définition minimale, plus grand-chose ne tient.
Je suis notamment peu convaincu par les définitions qui reposent sur le caractère supposé « personnel » du blogue. Sur ce point, celle de l’Office québécois de la langue française s’est transformée : de « Site Web personnel tenu par un ou plusieurs blogueurs », elle est devenue « Site Web ou section de site Web généralement tenus par une seule personne, consacrés à une chronique personnelle ou à une thématique particulière développées sous forme de billets ou d’articles. » Marie-Ève Thérenty va dans le même sens : « un blog répond à quatre contraintes nécessaires : diffusion sur le Web, écriture à la première personne, parcours rétrochronologique, écriture séquencée ou fragmentée » (2010, 55). Comment un blogue tenu à « plusieurs » serait-il « personnel » ? Faut-il absolument écrire « à la première personne » ? Il existe des blogues à la troisième personne, par exemple le mien, l’Oreille tendue ; s’il y a du je dans ce blogue, il apparaît volontairement décalé. La nature de la voix et le statut de l’identité se négocient différemment d’un blogue à l’autre.
11 mai 2018
Les cours de création littéraire au Département des littératures de langue française proposent obligatoirement un volet réflexif. Dans ce cours, la réflexion porte sur le genre de l’essai. Comment définir ce genre, si tant est que cela soit possible ? Nous commençons à esquisser une réponse avec la « Petite essayistique » (1983) d’André Belleau. (Toutes les occasions de parler d’André Belleau sont bonnes.)
Première présentation orale d’une étudiante, à propos du Bal des absentes, le blogue de Julie Boulanger et Amélie Paquet. Les auteures sont féministes, professeures et… deux. Des textes, au je, sont signés Julie ou Amélie ; d’autres, au nous, paraissent sous le nom Le bal des absentes. « Personnel », vous dites ?
Pour ma part, je présente le Machin à écrire, de Nicolas Guay, et notamment sa belle série de souvenirs, « Passé simple ». Le blogue est une série, dans laquelle peuvent s’inscrire des séries spécifiques.
Consignes distribuées pour le premier devoir de création : rédiger un texte de 400 mots inspiré de la série « Autobiographie des objets », du site de François Bon, le Tiers Livre. (Toutes les occasions de parler de François Bon sont bonnes, et elles seront nombreuses.) L’objectif est double : décrire ; se souvenir.
J’avais annoncé à la première séance qu’il y aurait des changements au programme. Voici le premier : à la prochaine séance, on lira ensemble un essai, « Petite suite émilienne » (1986), de Jacques Brault.
15 mai 2018
Deux blogues au programme, celui de Bibliomancienne, présenté par une étudiante, et celui de Claro, dont je dis quelques mots (en recommandant, parmi les textes méchants les plus récents, ceux sur Neuhoff et Humbert ; j’aurais pu signaler ceux sur Bussi ou sur Bobin). Les deux sont « engagés », à défaut de meilleur terme : le premier prône une « bibliothéconomie critique », le second défend une conception de la littérature qui n’a guère à voir avec l’industrie du livre. Voilà deux blogues de militants, inscrits dans la durée : 2007 pour lui, 2009 pour elle (en ses divers avatars).
Entre les deux présentations de blogues, une explication de texte de « Petite suite émilienne » (1986) : le texte est parfait pour réfléchir, à la fois, à la nature de l’essai comme genre et à la pratique de Jacques Brault (« Je me livre à une espèce de rêverie textuelle »). Le je est celui d’un lecteur libre et d’un fils.
18 mai 2018
Deux présentations par des étudiantes : un article de Laurent Mailhot, paru en 1991 (Mailhot 1991), sur la revue Liberté et son rôle dans la vie intellectuelle du Québec ; le site de Mahigan Lepage. Je complète par une réflexion historicogénérique sur le récit de voyage : comment écrire le voyage à l’ère du « surtourisme » ? Le livre Big Bang City (2016) étant né sur le blogue de Lepage, il me sert de point de départ.
Ce blogue, comme celui de Bibliomancienne, oblige à une réflexion sur la navigation numérique. Chez Bibliomancienne, pas d’archives affichées en barre latérale, ni de catégories : il est dès lors difficile d’avoir une idée de la durée du blogue ou de ses thèmes récurrents. Chez Lepage se croisent, pour la section « Carnets », un classement par catégories (qui domine) et une possibilité limitée de circuler par ordre chronologique (lire cinq textes, des plus récents aux plus anciens). Chaque entrée est suivie de « mots-clics », mais il n’y a pas de liste les regroupant. La situation est semblable chez François Bon : est-il possible de relire, dans l’ordre de leur parution, les textes de la série « Autobiographie des objets » ? Je n’y suis pas arrivé. Autrement dit, on ne voit pas (plus) le temps passer. Au Clavier cannibale (Claro), au Bal des absentes (Julie Boulanger et Amélie Paquet) ou chez le Machin à écrire (Nicolas Guay), la circulation est beaucoup plus clairement balisée, ce qui permet à chaque lecteur de dessiner son parcours en toute connaissance de cause.
La question du statut « personnel » du blogue nous occupe beaucoup. Avec mahigan.com (après mahigan.ca), cette question se pose encore plus clairement : à la fin du cours, on aura croisé des blogues sous une identité, complètement ou partiellement, d’emprunt (L’Autofictif, Bibliomancienne, Claro) ou sous le nom d’état civil (Josée Marcotte, Arnaud Maïsetti), mais nous rencontrons aujourd’hui le seul cas, dans notre corpus, d’un prénom comme nom de domaine. Il est vrai que ce prénom, peu commun, autorise la chose : difficile d’imaginer, comme nom de blogue ou de site, Éric, Marie, Christophe, Josée ou Arnaud. À un moment, le blogue que nous venons de discuter ne s’est-il pas appelé le Dernier des Mahigan ?
20 mai 2018
Au fil des discussions et des exposés, quatre lignes de force se dessinent, s’agissant des modes d’analyse des blogues. Comment l’identité numérique se construit-elle ? Comment le blogueur s’inscrit-il dans une communauté ? Comment circuler dans un blogue (un site) ? Comment la temporalité est-elle abordée ? Autrement dit : qui parle, à qui, dans quel ordre, en fonction de quelle chronologie. On y reviendra mardi, avec des présentations sur Josée Marcotte et sur Christine Clerc (par des étudiants), et sur Martine Sonnet (par moi).
22 mai 2018
Josée Marcotte était sur Blogger, sous le titre Marge autofictive ; cela existe toujours, mais n’est plus mis à jour. Elle est désormais sur WordPress, avec un site à son nom. Le nouveau site a une dimension visuelle bien plus affirmée que le précédent, de même qu’un ancrage professionnel net : Mahigan Lepage met en relief son travail de traducteur, alors que Marcotte est réviseure. La question de la navigation se pose de nouveau : sur joseemarcotte.com, pas de liste de mots clés, pas d’archives chronologiques, pas de lien évident avec l’ancien site, mais des catégories (« Événements », « Moments », « Humour », « Dico »), des « Articles populaires » et des recommandations (« Vous aimeriez aussi » — on notera le conditionnel).
Christine Clerc est « Grand reporter et éditorialiste ». En page d’accueil de son blogue, elle déclare : « Vos réactions m’intéressent ! » Or le site n’accepte pas les commentaires et n’offre aucun de ces boutons de diffusion (par Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn, etc.) qui se trouvent aujourd’hui sur la grande majorité des blogues et sites. Il y a bien un formulaire de « Contact », mais on aurait pu imaginer une meilleure prise en compte des « réactions ». Ajoutons qu’il n’y a ni moteur de recherche ni archives ni mots clés. La totale. L’étudiant qui a proposé l’analyse de ce blogue — il n’était pas dans ma liste — se retrouve à décrire surtout des manques.
Les travaux savants sur l’essai et le discours populaire sur le blogue évoquent fréquemment le statut de l’identité genrée. Quelle est la place des textes signés par des femmes dans le corpus de l’essai littéraire au Québec ? Qu’est-ce que le phénomène des mommy blogs (sauf erreur de ma part, les daddy blogs ont moins de succès) ? Je consacre une partie de la séance à des remarques (bien embryonnaires) là-dessus.
Les étudiants ont mis en ligne leur premier exercice d’écriture, celui inspiré de l’« Autobiographie des objets » de François Bon. J’emprunte l’idée du deuxième, « Faire voir la ville », à Sébastien Rongier (2014) : tout le monde rédigera un texte de 400 mots inspiré d’une même photo (prise par mon fils aîné). Il s’agira, une fois de plus, de décrire (non plus un objet, mais un élément urbain : un escalier extérieur), et de rapporter cette description à un ensemble plus vaste (une ville, la ville). Pour ceux qui auraient besoin de modèles, je recommande le travail de Martine Sonnet, son blogue, l’Employée aux écritures, de même qu’une série de textes qui y ont d’abord paru avant d’être regroupés dans le livre Montparnasse monde (2011). Pour moi, ces deux premiers exercices s’appuient sur une même volonté : forcer le regard à s’arrêter, proposer une économie de l’attention qui serait antithétique à l’imposition supposée de vitesse du numérique.
25 mai 2018
Deux présentations d’étudiantes pour commencer le cours. L’une sur le sixième chapitre, « L’image même du livre », de l’ouvrage Internet rend-il bête ? Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté ([2010] 2011) de Nicholas Carr : c’est l’étudiante qui a choisi ce texte, que je n’avais pas mis en bibliographie. L’autre sur le blogue de Luc Jodoin, BiblioBabil.
Si le hasard existait, il ferait bien les choses : Luc Jodoin rend compte de textes parus chez Publie.net ; François Bon a fondé la maison ; Éric Chevillard, Mahigan Lepage, Josée Marcotte et Martine Sonnet y ont publié (moi aussi). J’ai abordé plusieurs fois en cours l’expérience de Remue.net. Ça commence à faire beaucoup de recoupements.
Dans la deuxième partie de la séance, discussion collective sur les textes mis en ligne dans la série « Autobiographie des objets ». Quelques lignes de force se dégagent de cette discussion. Choisir puis décrire un objet, cela oblige nécessairement à une réflexion sur la communauté : les objets ne viennent jamais seuls, ils sont inscrits dans un tissu de relations et dans des lieux. De même, on ne peut éviter de réfléchir à leur insertion dans des temporalités multiples : ils ont beau être au début de la vingtaine, mes étudiants savent ce qu’est la nostalgie. Je dois avouer, enfin, mon étonnement devant l’utilisation bien sage qu’ils ont faite des liens, plus proche de la note de bas de page sur papier que de la circulation entre des ressources numériques. (Ils auront à y revenir.)
25 mai 2018, bis
Retour sur cette affaire de la perte d’attention soutenue qu’engendrerait le numérique. Plusieurs des blogues que j’aime luttent contre cette perte : Nicolas Guay quand il note « La poésie du métro », Luc Jodoin quand il recense les débuts de roman (« Température et incipit ») où il est question du temps qu’il fait (et contredit par là Elmore Leonard), Martine Sonnet quand elle est attentive à la matérialité de son « Montparnasse monde », avant de saisir la « Poétique de la voirie » parisienne. Que répondrait Nicholas Carr à ces blogueurs, lui qui vitupère « l’attention éparpillée du lecteur » numérique ([2010] 2011, 232) ? Ce n’est pas, en tout cas, celle du blogueur.
29 mai 2018
Pour leur troisième exercice d’écriture, les étudiants n’ont pas de contrainte formelle, mais une contrainte technique : ils doivent rédiger un texte contenant plusieurs liens, de nature diverse (texte, image, son, carte). Je m’appuie sur des articles de René Audet ([2014] 2015) et de Jean Clément (2004). Je souhaite, entre autres choses, qu’ils réfléchissent à une caractéristique du lien : son pouvoir d’interruption de la lecture. Un lien, n’est-ce pas toujours le risque de voir la lecture bifurquer ? Si c’est le cas, comment tirer profit de cette potentialité ? Inversement, comment essayer de se prémunir contre cette distraction possible ?
Avant cette réflexion sur le lien, une étudiante a présenté le blogue d’Yvan Leclerc, Son mot à dire. (Y a-t-il titre de blogue plus parfaitement juste que celui-là ?) Il y donne à lire propos sur l’actualité sociopolitique, hommages, décryptages des mots du jour.
Après, nous abordons la question de la chronique journalistique et celle de la critique littéraire. (Vaste programme.) En matière de chronique, je fais lire un texte de Lise Bissonnette, « Cent, et trente » (1983), qui est une poétique personnelle du genre. Pour la critique, je propose de distinguer critique savante, critique journalistique et critique essayistique — tout en sachant qu’à chaque exemple que j’avance on m’opposera, avec raison, un contre-exemple. C’est comme ça.
Vendredi, on discutera collectivement des textes du deuxième exercice, après avoir abordé Petite racine, de Cécile Portier. Est-ce un blogue ? Oui, dit l’auteure. Ça se discute.
1er juin 2018
Cécile Portier désigne donc Petite racine comme un « blog ». Catherine Voyer-Léger fait la même chose avec son corps dedans / dehors (dont elle vient de tirer un livre, Prendre corps 2018). Or ni l’une ni l’autre ne privilégie l’ordre antéchronologique, n’utilise de catégorie, n’ouvre un espace de commentaires, ne soigne son insertion dans les réseaux sociaux à partir du blogue. Suffit-il de dire je sur une plateforme numérique pour faire blogue ? Si oui, les neuf premières séances du cours n’ont pas servi à grand-chose.
Pour le deuxième exercice, la classe a travaillé à partir d’une même photo : il fallait la décrire, puis l’inscrire dans un discours sur la ville. Sauf exception, la description — de la photo, du lieu représenté — a peu retenu l’attention des étudiants. En revanche, ils n’ont pas hésité à s’approprier la photo, certains affirmant même l’avoir prise ou avoir été là quand elle l’a été. Plusieurs ont joué avec la photo, histoire d’utiliser les ressources propres au blogue : position dans le texte, modification de format ou de cadrage, découpage. La question de la circulation (interdite, permise, souhaitée, crainte) les a beaucoup occupés. En matière de liens, ce n’est pas encore tout à fait ça, mais la discussion est relancée sur les potentialités d’écriture propres au blogue et distinctes de ce qu’offre le papier. C’est là un des objectifs secrets du cours.
3 juin 2018
Parmi les caractéristiques du blogue, il y a l’annonce de sa disparition imminente. On ne cesse de l’affirmer depuis des années : le blogue, c’est fini (Morrison 2007; Kottke 2013).
Dans le quotidien montréalais la Presse+ de samedi, on compare des bières estivales. À partir de quelles sources ? Des blogues québécois sur la bière. Que célébrait l’autre jour l’historien Jean Provencher ? Le septième anniversaire de son blogue les Quatre Saisons : 8883 billets en date du 22 mai. L’Autofictif ? 3669e entrée aujourd’hui.
L’annonce de la mort du blogue est peut-être un brin prématurée.
3 juin 2018, bis
Je rédige pour mon blogue un compte rendu de Prendre corps de Catherine Voyer-Léger. Du blogue qui l’a fait naître, corps dedans / dehors, je tire la remarque suivante :
Il n’y a aucun point de départ à cet objet dont le code est volontairement cryptique pour la majorité des gens appelés à s’y frotter. La première responsabilité du lecteur est de trouver un mode, un modèle, un rituel — ou non — pour l’aborder en circulant parmi les cinq pages [« Terre », « Fer », « Eau », « Métal », « Bois »]. Chercher la clé organisationnelle ? Chemin possible, mais non nécessaire. L’objet littéraire peut-il se réinventer chaque fois qu’on l’aborde organisé différemment ? C’est une des questions que j’explore à travers ce projet.
Difficile de faire de ce site un blogue, d’autant que Catherine Voyer-Léger a tenu un blogue qui correspond tout à fait, lui, à la définition du genre, Détails et dédales (2013), dont elle a tiré un livre. Cette question des modes de navigation est néanmoins celle de tous les blogues.
5 juin 2018
La séance commence avec une présentation du site / blogue d’Arnaud Maïsetti (encore des frontières floues). Le numérique et sa pensée sont fondateurs chez lui ; ce ne sont pas les à-côtés d’une œuvre qui tirerait sa légitimité du papier. « S’inventer, oui : pour ma part, aurais-je écrit sans le web ? Je ne le pense pas » (2 mai 2018). De cette interrogation naît un geste récurrent : réfléchir au numérique, c’est réfléchir nécessairement à toute la littérature, celle du passé comme celle du contemporain. Au-delà des genres, il s’agit toujours de dire le présent.
Sale temps pour le hasard, une fois de plus : Maïsetti est auteur et directeur de collection chez Publie.net.
Par la suite, j’attaque un de mes dadas : les chercheurs en études littéraires, et particulièrement les thésards, devraient bloguer plus qu’ils ne le font. Pourquoi ? Pour commencer à écrire le plus rapidement possible, cela dès leur entrée en thèse, ce qui permettra plusieurs relectures de leur prose au fil du travail de rédaction. Pour asseoir leur autorité sur un champ de spécialisation ou du moins pour s’y rendre visibles. Pour s’inscrire dans une communauté de chercheurs, mais aussi pour apprendre à parler à des non-spécialistes : on ne sait pas toujours qui lit les blogues, alors que l’on sait souvent avec trop de précision qui lit nos publications savantes. On l’aura compris : les reproches adressés au blogue dans le champ scientifique ne me convainquent guère. Le blogue est chronophage ? Tout dépend du temps qu’on veut y mettre : personne n’a besoin d’y passer plusieurs heures par jour, voire par semaine. Le blogue est frivole ? Il ne l’est que si son auteur souhaite l’être. N’y a-t-il pas déjà trop de blogues ? Il y en a beaucoup, certes, mais vraiment spécialisés ? C’est moins sûr. Un seul de ces reproches me paraît fondé pour l’instant — sa faible légitimité dans l’évaluation du parcours des chercheurs —, mais cela est appelé à changer. Les administrations universitaires commencent à reconnaître l’activité en ligne de leurs professeurs-chercheurs, ainsi que le révélait le témoignage de Jessie Daniels (2013), pour ne prendre que cet exemple. Elles vont devoir accepter des rythmes de publication plus courts que ceux de l’édition scientifique telle que nous la connaissons. Je m’imagine mal ces administrations reculer, d’autant que les jeunes chercheurs qui arrivent aujourd’hui dans leurs établissements sont souvent actifs numériquement. Relisons un passage de « Jeunes chercheurs et humanités numériques : un manifeste » (2013) :
La publication de carnets de recherche (ou blogging scientifique), l’activité dans les médias sociaux et les pratiques d’évaluation hors des formats traditionnels ont besoin d’être officiellement reconnus et encouragés. Les institutions de recherche devraient offrir l’expertise et la formation nécessaires pour garantir les compétences suivantes : usage des médias sociaux dans la recherche et pour la communication publique, encodage, gestion de sites Web, construction de bases de données et édition multimédia. Tous les professionnels concernés doivent également être au fait des questions légales, spécialement dans le domaine du droit d’auteur traditionnel et des licences ouvertes.
Pour eux, c’est la définition même de la mission de l’Université qui doit évoluer.
Cela étant, je ne retiens pas mon souffle en attendant que la situation change : je parle de cela depuis des années, sans succès.
En après-midi — cela n’a rien à voir officiellement avec le cours —, je tourne une vidéo de la série « L’histoire nous le dira » que diffuse Laurent Turcot sur YouTube. Quel lien avec le blogue ? Je me sers de l’œuvre de Voltaire pour proposer une définition de la notion de classique. Or le matériel que j’utilise vient d’un blogue, sur Tumblr, que j’alimente depuis quelques années, Curiosités voltairiennes. J’y dépose des images et des textes, en attendant de voir si cela mènera à quelque chose de moins fragmenté. C’est aujourd’hui que cela se joue. (Ce sera en ligne le 22 juin.)
5 juin 2018, bis
Interrogés à la première séance, des étudiants avaient été volontairement imprécis quant à leur pratique du blogue. Cette semaine, deux étudiantes déposent sur le blogue du cours un lien vers leurs Tumblr respectifs. La reconnaissance est tardive mais bienvenue.
8 juin 2018
Tout à l’heure, un étudiant a travaillé sur la République des livres de Pierre Assouline, blogue qui se distingue par la ferveur de ses commentateurs — nombre de billets sont suivis de plusieurs centaines de commentaires, parfois par plus de 1000 — et par la présence de la publicité. Il ne s’agit pas de la publicité « générique » que doivent parfois tolérer des blogueurs hébergés sur des plateformes gratuites, mais d’une publicité ciblant précisément les lecteurs de littérature. (L’étudiant ayant un bloqueur de publicités sur son ordinateur, il ne savait pas que Pierre Assouline accueillait ce genre de contenus.) Ce blogue relève en effet clairement de la critique journalistique dont j’ai parlé plus tôt dans le cours : recension d’ouvrages récents et échos de la « vie littéraire » (prix, commémoration, etc.). Nous nous étonnons, l’étudiant et moi, des dysfonctionnements du site, dont la conception a été confiée à un tiers, le Studio lol : liens incorrects, images manquantes dans le bas de page, dates de copyright non actualisées (« 2006-2012 »), fil RSS inutilisable, coquilles, annonce d’une « app » (qui n’existe pas) sur le Apple Store. Voilà la preuve que les éditeurs servent encore et toujours à quelque chose : c’est quand ils sont absents que leur nécessité se fait le plus clairement sentir. Le dix-huitiémiste en moi ne peut résister à la tentation de rapporter l’expression République des livres à République des lettres. On ne se refait pas.
Par la suite, travail collectif sur les textes de la série « L’écriture du lien ». Constatations anecdotiques : Disney et ses princesses occupent une place considérable dans l’imaginaire d’au moins 30 % des étudiants ; ils ont volontiers recours aux GIF, chose que je n’avais pas du tout prévue ; je leur avais prêté — spontanément et à tort — une maîtrise technique que beaucoup n’ont pas. (Si je redonne ce cours, j’aurai avantage à consacrer une partie d’une séance à une introduction à l’interface d’écriture de WordPress.) Sur un autre plan, trois questions émergent de la discussion. D’une part, comme je l’ai dit, chacun doit se demander comment gérer le risque d’interruption de la lecture que représente tout lien : selon la nature du texte déposé sur le blogue, les liens peuvent être massifs (textes de nature documentaire) ou pas (fiction ou autofiction). D’autre part reviennent souvent la nécessité (dans certains cas) et la difficulté (presque toujours) de donner des indices qui permettent au lecteur de cliquer ou pas sur un lien ; en l’absence de pareils indices, tout lien est cliquable et, alors, de deux choses l’une — la lecture continue est menacée ou les liens ne sont pas consultés systématiquement. Enfin, l’illustration ne va pas de soi : beaucoup de celles insérées dans le blogue par les étudiants, et simplement juxtaposées au texte, ne comportent ni légende ni attribution. N’est-ce pas trop attendre du lecteur que de lui offrir des images sans indiquer, au moins allusivement, le sens qu’on souhaite leur donner ?
(Une étudiante a poussé ma consigne d’écriture à ses limites. Dans son texte sur les pirates, toutes les occurrences de pirate, piratage, piraterie, pirater ont droit à leur lien, tous différents, mais tous uniques par leur ancre.)
Durant une des séances de la semaine dernière, une étudiante se demandait ce qu’il en était maintenant des commentaires sur les blogues. Sont-ils plus nombreux, ou moins, qu’avant ? Sont-ils utiles à un blogueur ? Leur nombre paraît en effet en baisse, à l’exception de quelques sites étonnamment populaires, tel celui de Pierre Assouline. Cette baisse peut s’expliquer, du moins en partie, par la consultation de plus en plus fréquente des blogues sur appareil mobile : il est facile de commenter à partir d’un ordinateur, moins à partir d’un téléphone ou d’une tablette. Quant à leur utilité, je relaie une expérience récente à la classe. Sur mon blogue l’Oreille tendue, il y a peu de commentaires ; quelques-uns sont utiles, quand ils offrent de l’information, et pas seulement de l’opinion ; rares sont ceux qui restent en mémoire. Je me souviendrai probablement longtemps d’un commentaire reçu ces derniers jours. La mère d’une auteure que je viens de présenter a laissé un commentaire à la suite de mon texte pour dire qu’elle n’avait pas lu le livre de sa fille, mais que, à la lecture de mon compte rendu, elle allait le faire.
12 juin 2018
Dernière séance. À la synthèse annoncée, je mêle des propos sur ce qui arrive quand un blogue devient un livre, à partir du mémoire de maîtrise d’Éric Vignola (2009), ainsi que sur ce qui distingue le blogue des (autres) réseaux sociaux. (Sondés sur cette dernière question, les étudiants ont eu quelques jours pour réagir, sur le blogue.)
Au début de ce cours, j’avais prévu aborder les modes de construction de l’identité numérique sur les blogues, la constitution de communautés autour d’eux, leur rapport au temps. D’autres dimensions du blogue auxquelles je n’avais guère pensé au moment de concevoir cet enseignement se sont imposées au fil des séances. Des exemples ?
Un blogue, c’est une base de données : cette caractéristique, absente de presque toutes les définitions que nous avons croisées, est pourtant fondamentale en ce qu’elle suppose un mode tout à fait spécifique d’organisation, de diffusion et d’affichage de l’information. Écrire sur un CMS (Content Management System), ce n’est pas du tout écrire dans un traitement de texte traditionnel. Les communautés constituées par le blogue dépendent de choix techniques (boutons, listes, commentaires, services d’abonnement, possibilité d’envoyer des courriels), mais elles sont aussi, particulièrement dans le cas de blogues dits « littéraires », affaire d’intertextes : dis-moi qui tu nommes, qui tu cites, qui tu recommandes, et je te dirai qui tu es. Le blogue est évidemment une activité publique, mais elle a aussi une forte valeur personnelle de constitution d’une identité et d’une mémoire numériques : certains blogueurs considèrent leur blogue comme l’endroit où stocker tout ce qui les concerne en ligne ; dès lors, ce blogue s’adresse autant à leurs lecteurs qu’à eux-mêmes. Le devoir d’attention dont se réclament certains blogueurs est une chose que je n’avais pas prévue : la supposée perte de concentration entraînée par la fréquentation des réseaux sociaux est un autre de ces lieux communs qu’il ne faut pas oublier de démonter.
L’ouvrage récent de Benoît Epron et Marcello Vitali-Rosati, l’Édition à l’ère numérique, définit le blogue « un ensemble de textes écrits à la première personne, postés régulièrement sur un site et ordonnés en ordre antéchronologique » (2018, 69). Je l’ai déjà dit : cette affaire de « première personne » est bien plus compliquée qu’elle n’en a l’air. Que faire d’un blogue comme Pocahontas, l’ectoplasme sur ta joue ? Il y a certes un je qui s’exprime, mais on ne sait pas à qui ce je renvoie. Peut-on parler d’une écriture à la première personne anonyme ?
Je suis plus volontiers Epron et Vitali-Rosati quand ils rappellent la difficulté de « l’édification de frontières nettes » propres au « format » du blogue (2018, 68) et, surtout, quand ils décrivent le rôle central des algorithmes dans la navigation sur les réseaux sociaux. Les concepteurs de ces algorithmes, qu’ils soient chez Facebook ou chez Twitter, veulent choisir pour nous ce que nous allons lire, et dans quel ordre. Rien de tel sur un blogue (ou du moins sur la majorité des blogues) : vous y lisez comme vous le voulez. S’il est vrai que les réseaux sociaux occupent presque tout le champ de la publicité (entendu comme lieu de divulgation et de commerce), de la sociabilité et de la « découvrabilité », il reste que le blogue constitue toujours le meilleur espace à soi qui reste aux internautes, surtout pour ceux qui souhaitent exercer un droit de regard sur leurs données, contrôler leur identité visuelle et inscrire leur travail dans la durée. Une entrée de blogue a une spécificité (une personnalité ?) et une permanence que n’ont pas les posts sur Facebook ou les tweets.
Le mot de la fin reviendra à Roger Angell. Ce journaliste, né en 1920, collabore au magazine The New Yorker depuis… 1944. Récemment, il a délaissé l’article au profit de l’entrée de blogue. Il expliquait ce choix à David Remnick dans un entretien du 4 décembre 2015 :
It’s sort of like making a paper airplane. […] I used to love to make paper airplanes. I made great paper airplanes. You throw it out the window, and it takes, it goes a little ways, or it turns and curves beautifully, and it goes out of sight, and it’s forgotten forever. And that’s like a blog. (Remnick 2015)
J’aime qu’Angell compare la rédaction d’une entrée de blogue à la construction d’un avion en papier. Ce faisant, il en souligne le caractère artisanal. Me plaît aussi cette image de la circulation imprévue : une fois lancé par la fenêtre, l’avion va où bon lui semble. En revanche, l’idée selon laquelle une entrée de blogue pourrait être oubliée à tout jamais (« it’s forgotten forever ») ne me convient guère. Si cela était vrai, pourquoi faire cours sur cette forme ?
Bibliographie
Blogues et sites
Anonyme : Pocahontas, l’ectoplasme sur ta joue, http://lemondenecritplus.blogspot.com/.
Assouline, Pierre : http://larepubliquedeslivres.com/.
Bon, François : http://www.tierslivre.net/.
Boulanger, Julie et Amélie Paquet : https://lebaldesabsentes.wordpress.com.
Chevillard, Éric : http://autofictif.blogspot.ca/.
Clerc, Christine : http://www.christineclerc.fr/.
Claro : https://towardgrace.blogspot.ca/.
Guay, Nicolas : http://www.machinaecrire.com/.
Jodoin, Luc : http://bibliobabil.com/.
Leclerc, Yvan : http://yvanleclerc.blogspot.ca/.
Lepage, Mahigan : https://www.mahigan.com/.
Maïsetti, Arnaud : http://www.arnaudmaisetti.net/spip/.
Marcotte, Josée : https://www.joseemarcotte.com/ ; http://marge-autofictive.blogspot.ca/.
Martel, Marie D. : https://bibliomancienne.com/.
Melançon, Benoît : http://oreilletendue.com/.
Melançon, Benoît : http://curiositesvoltairiennes.tumblr.com/.
Portier, Cécile : https://petiteracine.net/wordpress/.
Provencher, Jean : http://jeanprovencher.com/.
Sonnet, Martine : http://www.martinesonnet.fr/.
The New Yorker Radio Hour. Episode 7 : The Mayor and the Mormon Church, and Roger Angell, with David Remnick : https://www.newyorker.com/podcast/the-new-yorker-radio-hour/episode-7-donald-trump-goes-to-high-school-and-roger-angell.
Turcot, Laurent, série « L’histoire nous le dira », YouTube, depuis 2018. https://www.youtube.com/channel/UCN4TCCaX-gqBNkrUqXdgGRA.
Voyer-Léger, Catherine : https://cvoyerleger.wordpress.com/.
Voyer-Léger, Catherine : http://dedans-dehors.ca/.
Textes cités
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Bissonnette, Lise. 1983. « Cent, et trente ». le Devoir 12; repris dans Mailhot, Laurent (éd.). 2005. l’Essai québécois depuis 1845. Étude et anthologie. Montréal, Hurtubise HMH, 281-286. http://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2787203?docpos=12.
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